what is your vision of beauty ?
tropiktropik crée une série documentaire qui réunit des portraits intimes et interroge les récits de la beauté.
À travers leurs pratiques, leurs mots et leurs espaces, l’œuvre met en évidence ce qui, chez chacun déplace et interroge nos repères.
Réalisée en collaboration avec Raphael Levy et Amélie Hazard

Je m’appelle Doriane, et je viens d’avoir 25 ans
(à mon grand désespoir !) et j’ai grandi dans le 19ème à Paris en face du parc des Buttes-Chaumont.

“ Pendant longtemps j’ai porté beaucoup de noir, au point où ça interpellait les gens autour de moi. Il est souvent associé à l’austérité, au deuil. Moi je le vois pas du tout comme ça ! Pour moi le noir c’est Matrix, Catwoman, Monica Bellucci. Quand je porte une tenue full black, ça me donne une certaine énergie très spécifique. Je trouve ça mystérieux, rebelle, sophistiqué, femme fatale. Après avec le temps, j’ai porté beaucoup plus de couleur. J’adore le côté girly, barbie du rose, surtout pour les accessoires.”

“ J’ai une vision de la beauté qui est assez normée mais qui est en fait à l’opposé de celle qu’on m’a transmise. Ma mère s’est construite dans le féminisme radical à Berlin au début des années 80. Elle rejetait ainsi de nombreux codes propres à une féminité stéréotypée : aucun artifice, jamais de maquillage, de bijoux, de talons. La beauté pour elle c’était le naturel. Moi j’ai voulu essayer de me réapproprier ces choses-là. J’étais émerveillée par ces femmes très féminines, apprêtées, glamours.
Les supermodels des années 90, les mannequins Victoria’s secret, elles avaient un glow, une aura, un halo. Ça me faisait rêver. Pour moi la beauté c’est tous ces codes-là. J’ai jamais vécu ça comme une injonction patriarcale mais comme un choix.”
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“ J’ai testé pas mal de styles différents, de façons d’être. Et c’est ce qui m’a permis de mieux comprendre ce qui m’fit.
Mon parfum Chloé que je n’arrive pas à changer même si tout le monde le porte.
Le highlighter sur les pommettes. Overliner mes lèvres. Le piercing à la narine, en hommage à mes origines indiennes. Les faux ongles même si je suis passée à des poses plus sobres et naturelles.
Plus j’avance plus j’ai l’impression d’être en phase avec mon essence. J’ai eu ma période vintage/grunge/streetwear, ma periode kitsch/bling-bling et maintenant quelque chose de plus minimaliste et élégant, moins exubérant mais plus moi au final.”
“ Tout ce qui est makeup, j’adore. J’aime tout ce qui est care (corps, cheveux). Je trouve qu’il y a vraiment un côté rituel presque méditatif dans le fait de se maquiller, de prendre soin de soi. Mon père, qui est indien, m’a transmis cela d’une certaine manière. Là-bas, prendre soin de soi c’est tout sauf superficiel, c’est une pratique sacrée fondée sur l’idée qu’on doit honorer son corps pour évoluer spirituellement.”

“ Mon pire fail je dirais ma permanente hyper curly blonde platine sur un carré. Pas moche en soi mais ça n’avait vraiment rien à voir avec ma personne. Et ça a détruit mes cheveux. Sinon les faux cils en frange super mal collés, avec de la colle qui s’accumulait parce que j’arrivais pas à bien l’enlever d’une fois sur l’autre… ça détrône peut-être la permanente finalement.”
“ c’est plutôt un ensemble de femmes, réelles et fictionnelles, qui ont un truc qui me parle, que ce soit dans le physique, l’attitude, la mentalité, l’énergie, le style, l’univers...
J’aime bien me dire que je les convoque selon les différentes situations dans lesquelles je suis.
Elles apportent toutes quelque chose de spécifique à l’ensemble, et c’est plutôt cet ensemble que je vois comme iconique.”

“ L’absence de maquillage ou son utilisation exacerbée sont des actes engagés, que ce soit l’absence de maquillage comme lutte contre les injonctions patriarcales ou l’utilisation exacerbée de maquillage pour justement se réapproprier/détourner ces codes.
Moi je me situe vraiment à l’interstice, avec une utilisation du maquillage équilibrée, jolie au sens classique. C’est comme ça que je me sens alignée. Mais ça ne m’empêche pas de me considérer comme féministe et militante.”

“ Je pense qu’être déconstruite c’est avant tout avoir conscience des normes et pressions qui nous influencent, puis choisir en connaissance de cause, pour soi-même, et pas pour répondre aux attentes des autres.”
“Ugly is beautiful.
Je pense qu’avec le temps j’arrive de plus en plus à accepter mes défauts et à y voir de la beauté.”
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Réalisé et documenté par tropiktropik
Portrait de Doriane
Photographe Raphael Levy @air.levy
Image Consultant Amélie Hasard @mademoisellehazard
